Ligne directrice
--> Idée générale du projet
Ligne directrice
Dans cet article je vais tenter de définir plus précisément mon projet et la ligne directrice, soit donc l'idée générale, que j'ai choisie pour orienter celui-ci.
Je suis conscient que la tâche n'est pas facile de mettre des mots sur une intuition, de définir une ligne d'un projet qui n'a encore que des contours assez flous dans mon imagination mais j'aimerais tenter de faire une première esquisse générale de mon idée, de la représentation que j'ai d'Utopic.
Utopic est d'abord né il y a quelques années d'un projet commun avec mon frère d'agir en contestation avec cette société et ce par la remise en cause et la transgression systématique de conventions établies a priori ... l'idée était déjà à ce moment-là de mettre en évidence les limites que notre propre conventionalité et conformisme nous imposaient. A l'époque et plus récemment cette idée avait aboutit à des affichages de phrases bien senties et acides sous couvert d'anonymat et publication d'un journal clandestin, dans nos lieux respectifs d'enseignement. Aujourd'hui, j'ai fait de cette idée une aventure bien plus personnelle et fondamentale (celle de ne pas mettre en cause mon environnement en le pointant du doigt mais en modifiant le regard porté sur lui et la conception de celui-ci, en apprenant à répondre à celui-ci s'en m'en sentir asservi en retour).
J'ai compris que l'essentiel était de faire de soi le modèle de ses revendications ...
En effet, je pense qu'on est bien prompt dans les mouvements de contestation à revendiquer au nom du "peuple", de la "masse", d'une "classe" ... mais lorsqu'il s'agit de se conformer soi à l'idéal qu'on défend, on remet toujours au lendemain en s'esquivant et s'excusant discrètement. Il est certain que ceux qui prônent la révolution sociale auront d'une part du mal à l'organiser et d'autre part s'en faire les représentants dans un système qui n'exerce pas une oppression assez forte pour canaliser les rebellions vers une réaction violente et spontanée (celle-ci reste un fait très marginal de gens qui ne craignent pas le châtiment des lois je pense).
Par ailleurs, il y a tout un courant de pensée New Age qui prône le développement personnel et ce avec l'appui de sagesses orientales importées et occidentalisées ... mais je crois qu'il y a un profond décalage entre la philosophie orientale sous-jacente à ces sagesses et leur pratique en occident; elles me semblent profondément dénaturées et prostituées (par une exploitation financière). Je crois qu'à partir du moment où ces sagesses qui, en orient, constituaient une aventure personnelle dans l'horizon intérieur, deviennent des cours, des manuels, des instructions communes, il y a une grande perte au niveau du contenu philosophique au profit d'un rituel communiant (dans la pratique occidentale j'ai le sentiment que c'est la communion qui transcende l'individu et non pas un parcours personnel). Combien sont ceux qui, loin de reprendre cet enseignement pour l'appliquer à toute leur appréhension du quotidien, s'en servent comme soupape de pression avant de retourner faire le plein de vexations, stress et privations ? Je pense que c'est une dénaturation profonde que d'en avoir fait un moyen d'évasion, d'abstraction et de relativisation là où en orient ce me semble être davantage une exploration empathique de son environnement et une harmonisation, un équilibre entre son être intérieur et le paysage extérieur. Si je devais trouver une illustration je dirais que la méditation occidentale me donne plutôt l'impression de faire le vide pour l'ignorance de tout que pour la connaissance de soi.
A ces deux démarches, pour l'une prétendument commune et visiblement individualiste, pour l'autre prétendument individuelle mais avant tout communiante, je vois s'ajouter celle des sciences humaines et exactes qui dans leur frénésie d'exploration, de vivisection essaient de donner une image du puzzle en le découpant toujours davantage plutôt qu'en l'assemblant : on spécialise, on sous-spécialise, on hiérarchise indéfiniment en domaines et sous-domaines mais reste-t-il encore beaucoup d'hommes qui aient un savoir général des choses, ce regard panoramique sur l'horizon du vivant ? J'ai l'impression qu'à force de se spécialiser dans ses connaissances et compétences on en vient à perdre un regard d'ensemble du monde qui nous entoure ... comme le dit la phrase "trop d'information tue l'information", cet afflux constant d'informations crée une vision et une connaissance très anecdotique du monde et finalement très subjective ... l'image représentée est l'image véhiculée par des savoirs isolés, tirés du contexte général ...
La question qui se pose alors est : quelles sont mes revendications personnelles, quel est mon projet, quel est sa nature et quelles sont ses conditions ?
Je prends conscience au vu de ces différentes démarches d'appréhender le monde et les choses (auxquelles on pourrait en ajouter une infinité d'autre selon l'angle d'observation adopté), qu'elles n'offrent pas à l'individu une indépendance, une autonomie véritable qui lui permette de se déterminer constament par rapport à son environnement sans se trouver dépourvu lorsqu'il prend conscience de ses dépendances et de son impuissance face à celles-ci.
C'est relativement à cette prise de conscience que je souhaite élaborer et appliquer mon projet Utopic ...
Elaborer un système clos (en tant qu'il ne me fera pas dépendre d'une norme, d'un principe, d'une éducation ou d'un a priori usuel ... mais m'amènera à construire ma propre vision, réflexion et conception des choses à partir de la structure construite à cet effet), flexible (en tant qu'il se réactualisera constament en fonction du vécu et des savoirs acquis et ne se figera pas dans un automatisme borné, exclusif et aveugle) et individuel (en tant qu'il sera entièrement conçu en fonction de ma nature et ne prétendra à aucune valeur autre que purement subjective, à aucun usage autre que strictement personnel).
Si je devais illustrer ce projet en reprenant les exemples précédents, je dirais que je procède à une révolution sociale personnelle qui consiste non plus à vouloir adapter la société à un idéal que j'en aurais mais de porter sur elle un regard qui m'amènera à y adapter et concevoir un idéal de vie personnel dont chacun serait libre de s'inspirer ou non. Je n'appuie donc pas ainsi mon système sur l'élément d'incertitude que constitue autrui pour des prétentions individuelles. Par rapport au New Age je dirais que le concept d'aventure intérieure est assez représentatif de ce que je souhaite obtenir avec Utopic à mon niveau : en revanche je ne cherche pas une définition de moi-même par une exploration intérieure qui me révèlerait à moi-même, je préfère penser que je suis l'architecte de ma nature avec des instruments que je trouve en moi par la révélation du vécu. En fait je ne cherche pas à trouver le moule qui explique la forme de mon être mais je forge celui qui lui donnera la forme la plus adaptée à la vie et l'évolution que je souhaite dans cette société : je ne cherche pas le moule qui m'a forgé mais je forge celui qui me donnera la forme adéquate à l'environnement d'aujourd'hui et de demain. Enfin, en dernier lieu, par rapport aux sciences, je préfère partir du credo socratique du "je sais que je ne sais rien" pour me servir selon mes besoins de ce que j'apprends et non l'inverse : je n'acquiert pas un savoir pour le besoin de savoir mais pour le besoin de savoir-faire, savoir-voir, savoir-dire, savoir-penser, savoir-vivre ... je peux être inculte dans un domaine tout en sachant donner une valeur à la chose, seulement ce sera une valeur personnelle affective et non comparative. Ainsi je garde un regard certes subjectif mais d'ensemble sur mon environnement, curieux et sans a prioris autres que ceux que j'aurais conçus et non pas reçus (avec un savoir fragmenté et arbitrairement réassemblé).
Maintenant, si je devais présenter les conditions à l'élaboration d'un tel projet, je dirais que je dois considérer qu'il n'y a pas une pièce de l'édifice que je puisse mettre en place sans simultanément agencer les autres parce que d'une part il y a une théorie qui appuie une mise en pratique quotidienne et au niveau de la pensée et au niveau des actes concrets, et d'autre part il y a un vécu qui doit constament mettre à un jour une théorie qui sinon se retrouverait vite désuète (après un moment de réactualisation et réajustement, je pense que j'aurais un dessin assez constant de l'agencement le plus judicieux et viable). De plus, je dois considérer les apports et influences extérieures à mon vécu et ma façon de percevoir et penser les choses ... c'est un facteur important de détermination que l'environnement, aussi je me dois de ne pas l'exclure de mon système mais rendre ce dernier totalement flexible en fonction du premier. En dernier lieu je pense que ce système ne doit pas se laisser prendre dans un piège rhétorique qui créerait des limites de définitions là où le vécu s'affranchit fort bien de ces limitations (on est bien prompt à se limiter par des analyses abstraites et hâtives); aussi je pense qu'il est important de vraiment rendre l'acte et la pensée qui l'illustrent quasi-simultanés sous peine de limiter l'un ou l'autre.
Quelles conclusions en tirer ?
Je crois qu'il est un peu tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit autre que celles concernant l'organisation du projet ...
Aussi vais-je dégager ce qui, au su de l'exposé précédent, fera l'objet de ce blog; je pense décrire ici l'évolution concrète de mon projet, son contenu théorique après révision et présentation sous des formes synthétisées et définitives.
Plus concrètement, je donnerais ici le produit final de mes réflexions et expériences; je fais ainsi de ce blog mon témoin.
Dans le prochain article j'essaierais de donner un plan détaillé du projet et son système de fonctionnement et mise en application ... voilà un dimanche qui va être très occupé par des réflexions abyssales (alea jacta est !).
Ecrit par Songe, le Dimanche 7 Mars 2004, 13:56 dans la rubrique "Ligne directrice".
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